Je dois dire que je suis plutôt satisfaite de ce mois de novembre cinématographique qui nous offre de quoi remplir sans aucun problème les salles obscures... Voyez plutôt !
Ceux qui donnent à réfléchir:
*** Ô Jérusalem
Pitch: "27 Novembre 1947. Les représentants de 56 des pays membres de l'Organisation des Nations Unies votent le partage de la Palestine. Cette année-là à New York, deux amis âgés de 27 ans, Bobby Goldman, juif new-yorkais, et Saïd Chahïn, arabe de Jérusalem, vivent dans l'atmosphère insouciante de la fin de la Seconde Guerre mondiale et partagent avec ferveur les mêmes idées et les mêmes valeurs.
Bouleversés par les évènements qui vont bientôt enflammer Jérusalem, Bobby et Saïd s'embarquent sur un navire à destination de la Terre Sainte. Les deux amis ne réalisent pas encore que leur destin commun vient de prendre un tournant dramatique : frères devenus ennemis, ils vont des années durant se déchirer comme vont se déchirer leurs deux mondes, leurs deux peuples, leurs deux religions, leurs deux cultures."
Je triche un peu car c'est sorti en octobre mais j'ai vraiment aimé donc je ne voulais surtout pas le louper ici. Voilà un très beau film d'Elie Chouraqui qui évite les écueils partisans et réussit une oeuvre forte et émouvante sur un sujet on ne peut plus brûlant. La reconstitution de Jérusalem est époustouflante et il est indéniable qu’on apprend beaucoup de choses sur ce sujet délicat qu'est le partage de la Palestine alors occupée par les Anglais. Révélant une vérité qui nous permet de comprendre un peu mieux les évènements actuels, Chouraqui nous montre comment l'ensemble des deux communautés est amené à s'affronter malgré des idéaux partagés.
On redécouvre les méandres qui ont nourri le drame d'aujourd'hui : la lâcheté des pays arabes "frères" et celle des anglais, l'irresponsabilité des palestiniens, le jusqu'au-boutisme des tous jeunes israéliens. Même si la réalisation est classique, l'histoire est éclatante, les acteurs sont profonds : Saïd Taghmaoui est excellent, ainsi que JJ Feild (Bobby) et surtout Ian Holm, qui campe un Ben Gourion plus vrai que nature. Ce n'est pas un chef d'oeuvre mais c'est un très bon film, loin de tout manichéisme (et ça fait du bien) qui ressemble un peu au "Munich" de Spielberg (à voir également hein!) dans le sens où l'absurde de cette excalade de la violence crève l'écran, surtout dans la scène finale. A voir!
*** Mémoires de nos pères
Pitch: "Au cinquième jour de la sanglante bataille d'Iwo Jima, cinq Marines et un infirmier de la Navy hissent ensemble le drapeau américain au sommet du Mont Suribachi, tout juste repris aux Japonais. L'image de ces hommes unis face à l'adversité devient légendaire en l'espace de quelques jours. Elle captive le peuple américain, las d'une guerre interminable, et lui donne des motifs d'espérer.
Pour mettre à profit cet engouement, les trois "porte-drapeaux" sont livrés à l'admiration des foules. Leur nouvelle mission : servir leur pays en vendant les précieux Bons qui financent l'effort de guerre.
Le laconique John "Doc" Bradley, le timide Amérindien Ira Hayes et le fringant Rene Gagnon se prêtent au jeu avec un dévouement exemplaire. Ils sillonnent sans relâche le pays, serrent des milliers de mains et prononcent des allocutions. Mais, en leur for intérieur, une autre bataille se livre..."
Clint Eastwood dévoile la première partie de son projet sur la bataille d’Iwo Jima. "Flags of our fathers" présente l'affrontement du côté américain avec comme ligne directrice l'histoire d'une photo qui a symbolisé la bataille, s'écartant ainsi d'une narration linéaire qui ne ferait que décrire la préparation à la bataille, les 35 jours de combats et enfin les conséquences; là apparaît le seul petit ‘défaut’ de ce film, un enchaînement de flashbacks un peu déstabilisants au départ. À part ça, le film est parfait. L'histoire de la controverse autour du drapeau est intéressante et portée par des acteurs tout à fait à la hauteur. Les scènes de combats sont tout bonnement impressionnantes et sans concession; la scène du débarquement est quasi aussi forte et époustouflante que celle de "Saving Private Ryan".
Comme pour "Million Dollar Baby", Clint Eastwood a composé la majorité des titres de la bande originale de son film avec son fils Kyle, en y ajoutant les musiques militaires réalisées par John Philip Sousa, une symphonie de Mozart, le jazz de Glenn Miller..
La réalisation est très bonne et très travaillée, comme dans tous les films de Clint (oui, je l’appelle Clint, je peux non ?!). Le film prend véritablement son envol dans la dernière partie, une fois que toute la situation a bien été présentée. Les 30 dernières minutes sont sublimes et émouvantes à souhait. Il faut aussi bien prendre en compte le fait que ce film n'est qu'une partie, que "Lettres d’ Iwo Jima" viendra compléter en janvier 2007. On aura ainsi les réponses à tous les "blancs" laissés par "Mémoires de nos pères" et ce second film donnera une autre vision du conflit. Bref : une vraie réussite, pour un projet original et intelligent.
Ceux qui font vibrer:
** Ne le dis à personne
Pitch: "Sa femme Margot a été sauvagement assassinée par un serial killer. Totalement détruit, Alex ressasse jour après jour le souvenir bouleversant de son amour perdu.
Huit ans ont passé. Alex reçoit un e-mail anonyme. Il clique : une image: le visage d'une femme au milieu d'une foule, filmé en temps réel. Celui de Margot..."
Voilà un film d’action francais de qualité et ça fait plaisir! Auteur d'une filmographie honorable en tant qu'acteur, Guillaume Canet signe ici sa deuxième réalisation avec un réel talent. Adapté du roman d'Harlan Coben, ce film est vraiment prenant, avec peut être un petit manque d'émotion, mais néanmoins une réelle efficacité, notamment dans la manière de retracer l'intrigue, entre quelques belles courses poursuites et des seconds rôles étoffés, parfois ambigus et toujours intéressants. De plus, le casting est pour le moins impressionnant, puisque l'on retrouve pas moins de sept grands noms (au moins) au générique, en plus des impeccables Marina Hands, Gilles Lelouche, Jalil Lespert ou encore Phillippe Lefebvre. François Cluzet et André Dussolier signent une prestation de haut vol. Bref, un thriller qui n'a pas grand chose à envier à de nombreux thrillers américains, d'autant plus qu'ici, le scénario tient tout à fait la route et garde un réel intérêt jusqu'à la fin.
Petit coup de chapeau à Guillaume Canet pour ses goûts musicaux, la B.O
du film est vraiment fantastique: rien que pour les quelques minutes du
"Lilac Wine" de Jeff Buckley, ça vaut le déplacement :)
Peut-être pas un coup de maître, mais incontestablement une belle réussite.
**** Le dahlia noir
Pitch: "Dans les années 40, à Los Angeles, Bucky et Lee, deux inspecteurs, s'attaquent à une affaire de meurtre particulièrement difficile. Une starlette, Elizabeth Short, a été découverte atrocement mutilée. Sa beauté et sa fin tragique deviennent les sujets de conversation de toute la ville. Certains sont prêts à tout pour en tirer bénéfice... ou cacher leurs secrets. Quels étaient les liens de la victime avec la puissante famille Linscott ? Que vivait-elle dans son intimité ? Et avec qui ? Au-delà des apparences, l'enquête commence..."
Brian de Palma revient au meilleur de sa forme avec cette adaptation du livre de James Ellroy. Tout était présent dans le roman pour permettre au cinéaste de réaliser un grand film noir dans la tradition des grands chef-d'oeuvres. Toutes les pièces de l'intrigue, d'abord confuses, se révèlent comme les pièces d'un puzzle à assembler. Au spectateur de faire le reste. De Palma filme avec réussite la corruption, la folie et le malaise des années 40 sur lesquels s'est bâti Los Angeles (on pense immédiatement à "L.A Confidential").
La direction d'acteurs est hallucinante, avec une Hilary Swank d'une sensualité faisant passer Scarlett Johansson (pourtant très sensuelle) pour une potiche. Aaron Eckhart est excellent, une fois de plus et Josh Harnett se débrouille étonnamment bien.
"Le dahlia noir" mérite d’être vu ne serait-ce que pour sa mise en scène, et là j’insiste, la mise en scène est vraiment exceptionnelle, si vous voulez voir ce que c’est que du cinéma, allez voir ce film: des travellings fantastiques aux jeux d'ombres à la Hitchcock, ou encore de ses scènes d'une intensité dépassant tout ce que l'on peut imaginer de mieux (celle de l'escalier par exemple, un moment inouï). En plus, l'utilisation du décor est étonnante, la façon de mettre chaque personnage en scène est d'une audace et d'une force incroyable, les plans servent à merveille les émotions des personnages, leurs mouvements, leurs regards, l'image capte cette sensation de grande petitesse de chaque être, à moins que ce ne soit le contraire...
J’avais lu un peu partout que le film était assez difficile à suivre, surtout pour ceux qui n’ont pas lu le roman d’Ellroy et j’avais un peu peur de me paumer en route. Et bien que nenni ! Je ne citerai qu'une réponse de De Palma à un journaliste qui avait eu du mal à suivre pendant une projection du film: "Trop compliqué ?... Si vous voulez voir des choses simples, regardez la télé; il y a plein de choses simples à la télé, des films bien compréhensibles, bien formatés, abordables par tous". Tout est dit !
Ceux qui font rire :
**** Prête moi ta main
Pitch: "La vie est facile pour Luis, 43 ans, célibataire heureux, épanoui dans son métier, aimé, choyé, couvé par sa mère et ses cinq soeurs. Cela aurait pu durer toute une vie, mais voilà... Lassées de le materner, celles-ci décident qu'il est temps pour lui de se marier. Le plus vite possible ! Cerné par sa famille qui ne pense plus qu'à ça, il élabore un plan : trouver la femme parfaite qui va se faire passer pour sa fiancée et qui va lâchement l'abandonner le jour du mariage. Après ça, plus personne n'osera même prononcer le mot mariage devant lui. Mais comment trouver cette perle rare ? Luis ne voit qu'une solution : la louer ! Et justement, Emma, la soeur de son meilleur ami et collègue, vient d'arriver à Paris et cherche du travail. Ça y est, le plan est en route. Au bout, la liberté pour Luis. Les plans, c'est bien sur le papier. Mais dans la vie, ça peut s'emballer..."
Avec des dialogues drôlissimes et des répliques déjà cultes, cette comédie est absolument jubilatoire. Le scénario est très bon et les acteurs sont vraiment formidables: Chabat est excellent sans surjouer, au top (égal à lui-même hein !) et Charlotte est irrésistible, tout simplement sublime, aussi bien par son jeu que par sa prestance hors du commun.
Que de bonheur dans ce joli film! Loin des clichés stupides sur les relations amoureuses, ce film traite de ce sujet avec de la subtilité, de l'humour et de l'émotion! C’est une grande bouffée de fraîcheur : le film est pétillant au possible et à en croire les rires communicatifs de la salle, je ne dois pas être la seule à le penser.
Tous les ingrédients sont là : acteurs, rythme, dialogues et situations. A ne surtout pas manquer!
** Désaccord parfait
Pitch: "Quelle bonne idée, ces retrouvailles"... se réjouissent d'avance les organisateurs des BATAR, à Londres, sans se douter une seconde qu'ils ne vont pas du tout avoir droit au grand moment d'émotion et de mondanité qu'ils avaient prévu. Car ces fameuses retrouvailles sont celles d'Alice d'Abanville, célébrissime actrice du théâtre londonien, et de Louis Ruinard, réalisateur français, qui connut son heure de gloire dans les années 70, avec cinq films cultes dont Alice fut l'inoubliable héroïne.
Alice, Louis... Deux personnalités hors du commun. LE couple choc et glamour des années 70. Le Créateur et son Egérie. Sauf que le fameux couple mythique ne s'est pas revu depuis trente ans. Pire, même : ils ont tout fait pour ne pas se revoir, après une séparation aussi brutale qu'incompréhensible. C'est dire si ces retrouvailles arrangées et officielles, ne sont pas du tout de leur goût."
Le film repose avant tout sur l'interprétation du très bon couple Jean Rochefort/Charlotte Rampling, Quelle excellente idée d'associer ces 2 grands comédiens ! D'un côté, un Jean Rochefort inimitable, irrésistible, formidable (comme d'habitude) et même parfois touchant et de l'autre une Charlotte Rampling magnifique, la classe anglaise en personne.
Le film contient quelques bons gags et si vous êtes un minimum anglophile, c’est un bonheur pour les scènes tournées en anglais où l’on retrouve la fameuse ‘british touch’ et le sens de l’humour britannique qui me fait particulièrement mourir de rire.
Même si le scénario est assez prévisible (surtout la fin), on se laisse porter par cette comédie romantique et on passe un très bon moment avec ce duo qui joue à l’unisson une partition sur mesure !
A voir très prochainement:
Et non je n'ai pas mis le dernier James Bond "Casino Royal" car je le boycotte ce dernier James Bond sorti de je-ne-sais où: blond aux yeux bleus, qui tombe amoureux, qui n'est pas macho pour 2 sous...Je rêve là! Si 007 perd un 0 je me demande où va le monde !!
Et non, Erwan, je n'ai pas mis "The Host" hihi :)